Vers un mix électrique décarboné en France : les industriels l’ont bien compris !

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Alors que la situation climatique mondiale est préoccupante, la France doit être au premier rang de la lutte contre les énergies carbone. Pour cela, nous devrons nous appuyer sur notre parc nucléaire et éviter les positions simplistes.

« On va fermer toutes les centrales thermiques et de charbon. En revanche, le nucléaire, c’est la manière la plus décarbonée de faire de l’électricité » annonçait le président de la République, le 17 décembre dernier. « Il faut choisir ses priorités » avait-il enchainé, tranchant ainsi avec l’atmosphère anti-nucléaire qui régnait depuis plusieurs années au sein de l’ex ministère de l’Ecologie.

L’atome, allié essentiel d’un mix électrique décarboné

En effet, de nombreux représentants politiques ou personnalités publiques ont réclamé, notamment lors de la campagne présidentielle, une sortie du nucléaire. Une aberration pour qui se considère comme réellement écologiste. Emmanuel Macron l’a rappelé lui-même, reprenant l’avis de nombreux experts et scientifiques, « si je ferme demain une centrale nucléaire, ce n’est pas vrai que l’on peut développer tout de suite du renouvelable ».

L’exemple allemand est sur ce point révélateur. En 2011, après l’accident de Fukushima, Angela Merkel décide d’accélérer drastiquement la fermeture des réacteurs nucléaires, et annonce un vaste programme d’investissement dans les énergies vertes. En réalité, près de sept ans plus tard, le résultat est catastrophique. Le pays doit en effet s’appuyer en grande partie sur le charbon, qui représente près de 40% de sa production d’électricité, et émet presque deux fois plus de Co2 par habitant que la France (11,5 tonnes par an pour un allemand contre 6,5 tonnes pour un français).

Par ailleurs, l’industrie nucléaire française est extrêmement compétitive. La Cour des Comptes et les publications de la SFEN évaluent le coût cash de production du parc nucléaire existant à 32-33 €/MWh, soit le montant le moins élevé parmi les moyens de production disponibles, loin devant l’hydraulique, l’éolien ou encore le solaire. Les factures des ménages français sont ainsi parmi les moins chères d’Europe de l’Ouest. Pour comparaison, le prix de l’électricité pour les particuliers allemands est 70% supérieur au nôtre.

Avec un mix électrique décarboné à 97%, la France n’a donc pas à rougir de sa politique énergétique et fait même figure d’exemple. En effet nous faisons partie des six bons élèves à avoir atteint l’objectif des 80%, établi par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Des bons résultats qui s’expliquent avant tout par la prévalence du nucléaire, qui constituait 71,6% de notre production d’électricité en 2017.

Alors que la demande en électricité devrait exploser dans les prochaines décennies et que, à la lumière notamment de l’exemple allemand, il parait impossible d’assurer la stabilité d’un réseau avec plus de 45% d’énergies renouvelables, partir en croisade contre le nucléaire relève du suicide climatique.

Des enjeux cruciaux mais intégrés par les industriels

Les émissions carbone de l’énergie nucléaire, déjà peu élevées par rapport aux autres énergies, même renouvelables sont, en plus, toujours moins importantes. La production n’est pas, en elle-même, émettrice de Co2. C’est donc dans la construction des infrastructures, les rénovations, ou encore le transport, que les industriels du secteur tentent de minimiser les rejets polluants.

Ainsi, Orano, ex New Areva, a quasiment atteint son ambition de réduire de 80% sa consommation d’énergie et de 50% ses émissions de Co2 par rapport au bilan de l’année 2004. Amorcée dès le début des années 2000, et s’appuyant sur différentes innovations, cette politique de réduction a par exemple permis de baisser de 25% ses émissions de gaz à effet de serre lors de l’extraction de l’uranium. Les techniques de conversion et d’enrichissement ont également été sensiblement améliorées. Les usines du Tricastin par exemple, spécialisées dans ces procédés, ont ainsi réduit de 85% leurs émissions, toujours par rapport à l’année 2004.

L’autre géant du nucléaire, EDF, a réduit de plus de la moitié ses émissions par rapport à 1990. Depuis 2002, le groupe publie chaque mois le bilan de ses émissions de gaz à effet de serre. Les progrès sont visibles. Par exemple, en décembre 2017, 26g d’équivalent CO2 par KWh ont été rejetés alors que la moyenne de ce même mois sur les quinze dernières années était de 44g par KWh.

De son côté, Engie se situait en 2011, à l’occasion d’une étude PWC, largement en dessous de la moyenne européenne avec un rejet de 337 Kg CO2 par MWh. Depuis, le groupe s’est largement concentré sur les énergies renouvelables ; avec des objectifs ambitieux, notamment la multiplication par deux de son parc éolien qui passerait 1,5 à 3 gigawatts (GW), et par quatre de ses capacités photovoltaïques qui passeraient 600 MW à 2,2 GW, entre 2015 et 2021.

Alors que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) doit être rédigée d’ici la fin 2018, Nicolas Hulot a affirmé vouloir privilégier « le réalisme » et souhaite établir un « calendrier précis » de démantèlement progressif de réacteurs. Le ministre de la transition écologique a assuré que ce programme ne serait pas édicté en fonction de « critères symboliques », contrairement à la loi de transition énergétique votée en aout 2015, qui tablait sur une réduction de la part de l’atome à 50% d’ici 2025, objectif que l’ancien militant écologiste a jugé « irréalisable ».

Si aucun engagement chiffré n’a encore été annoncé, les propos de Nicolas Hulot peuvent laisser croire au retour d’un pragmatisme nécessaire en termes de politique énergétique, et jusqu’ici délaissé au profit d’engagements idéologiques. Le développement des énergies renouvelables est une nécessité, et les différents acteurs du secteur l’ont compris, comme le montre l’ambitieux Plan solaire d’EDF. Cependant, céder aux sirènes démagogiques du tout renouvelable et d’une sortie brutale du nucléaire ne peut être envisagé à l’heure actuelle. La France y perdrait son exemplarité, et le travail de plusieurs décennies consacrées à lutter contre les énergies carbones.

Par Arnaud Daguin

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