Donald Trump hausse le ton face à l’Union européenne. Le président américain a menacé ce vendredi 23 mai d’instaurer, à compter du 1er juin, des droits de douane de 50 % sur les produits européens, contre 10 % actuellement. Cette annonce marque un tournant majeur dans les relations commerciales entre Washington et Bruxelles, déjà tendues depuis le retour de Trump à la Maison Blanche.
Sur sa plateforme Truth Social, Donald Trump a justifié cette décision par le blocage des négociations avec l’Europe. « Il est très difficile de traiter avec l’UE, qui a été créée en premier lieu pour profiter des États-Unis d’un point de vue commercial. (…) Nos discussions ne vont nulle part. Dans ces conditions, je recommande d’imposer 50 % de droits de douane sur l’UE à compter du 1er juin », a-t-il écrit, précisant qu’aucun tarif ne serait appliqué aux produits américains à l’export.
Un déficit commercial au cœur de la provocation de Donald Trump
Dans son message, le président américain a également dressé un long réquisitoire contre l’Union européenne, qu’il accuse d’imposer aux entreprises américaines des barrières commerciales injustes, une TVA défavorable, et des poursuites illégitimes. Il pointe du doigt ce qu’il qualifie de « manipulations monétaires » et « sanctions ridicules », responsables selon lui d’un déficit commercial annuel de plus de 250 milliards de dollars.
Un chiffre contesté par Bruxelles. Selon la Commission européenne, le déficit commercial réel des États-Unis avec l’UE serait bien inférieur, autour de 150 milliards d’euros pour les biens, et seulement 50 milliards une fois pris en compte l’excédent commercial américain dans les services. Du côté américain, le Bureau du représentant au Commerce (USTR) avançait pour sa part une estimation de 235 milliards de dollars en 2024, un chiffre déjà inférieur aux montants évoqués par Trump.
Donald Trump adopte une stratégie douanière offensive et fluctuante
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a fait du rééquilibrage des échanges commerciaux une priorité, en particulier avec l’Union européenne, qu’il accuse de longue date de pratiques déloyales. Début avril, la Maison Blanche avait mis en place une première salve de droits de douane dits « réciproques », à hauteur de 10 %. Une taxe moyenne de 12,5 % s’applique désormais sur les produits européens, contre 2,5 % avant son retour à la présidence.
Dans un premier temps, la Maison Blanche avait envisagé un relèvement à 20 %, avant d’instaurer une pause temporaire de 90 jours pour permettre aux négociations de progresser. Cette trêve devait courir jusqu’au début du mois de juillet. L’annonce du jour vient rompre brutalement cette logique d’apaisement.
Bruxelles prise de court, les discussions piétinent
Côté européen, la nouvelle a été accueillie avec une vive inquiétude. Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a mené plusieurs entretiens ces dernières semaines avec les responsables américains – notamment le secrétaire au Trésor Scott Bessent, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, et le représentant au Commerce Jamieson Greer – sans parvenir à de réelles avancées.
Bruxelles espérait encore maintenir la voie du dialogue ouverte, en insistant sur la nécessité de coopérer dans un cadre commercial multilatéral, mais la rhétorique agressive de Trump semble désormais reléguer toute conciliation au second plan.
Un haut diplomate européen, s’exprimant sous couvert d’anonymat, évoque une « démonstration de force purement politique », destinée à marquer les esprits en pleine campagne présidentielle américaine. « C’est un signal adressé à son électorat industriel et protectionniste. Mais ce genre de mesure pourrait rapidement déclencher une escalade commerciale dommageable des deux côtés de l’Atlantique. »
L’économie mondiale tremble
L’annonce de cette hausse drastique des droits de douane intervient dans un contexte économique encore fragile, marqué par les incertitudes géopolitiques et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement. Une guerre commerciale transatlantique risquerait d’avoir des répercussions importantes, tant pour les exportateurs européens que pour les entreprises et les consommateurs américains.
Certains secteurs sont particulièrement exposés, comme l’automobile, l’agroalimentaire ou encore les produits de luxe, souvent visés dans les précédents épisodes de tensions douanières entre Washington et Bruxelles. Une réaction rapide de l’Union européenne est attendue, mais les marges de manœuvre s’annoncent limitées face à un président américain déterminé à imposer ses conditions.