Défense européenne : les Bourses en recul face à l’accord Trump

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La déclaration de Donald Trump, selon laquelle l’Europe achèterait « des centaines de milliards de dollars d’équipements militaires » aux États-Unis dans le cadre d’un nouvel accord commercial, a provoqué un net repli des actions du secteur de la défense européenne ce lundi 28 juillet.

Un accord commercial à plusieurs impacts sur la défense européenne

L’annonce de l’ancien président américain, faite aux côtés d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, fait suite à la conclusion d’un accord commercial visant à éviter une hausse brutale des droits de douane entre les deux blocs. En contrepartie de taxes limitées à 15% sur certains produits (au lieu des 30% prévus initialement), l’Europe s’engage à acheter pour 750 milliards de dollars d’énergie américaine, et à investir 600 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie des États-Unis.

Mais c’est surtout une autre clause qui a retenu l’attention des investisseurs : celle relative aux dépenses militaires. Trump a affirmé que l’Europe achèterait des équipements militaires américains pour plusieurs centaines de milliards de dollars, une déclaration confirmée par la BBC, bien que non encore détaillée par les autorités européennes.

Les industriels européens en Bourse sous pression

Cette annonce a été fraîchement accueillie par les marchés, qui y voient un risque de marginalisation des industriels de la défense européens. Dès l’ouverture des marchés, les valeurs du secteur ont décroché : à Paris, Thales a chuté de plus de 3%, signant la plus forte baisse du CAC 40. À Francfort, Rheinmetall a cédé plus de 4% avant de se stabiliser à -2%, et Hensoldt a perdu 3,5%. À Londres, BAE Systems a reculé de 1,2%.

Ces baisses interviennent dans un contexte où les groupes européens de défense bénéficiaient jusqu’ici d’une forte dynamique, alimentée par les tensions géopolitiques mondiales et les hausses budgétaires annoncées par plusieurs États européens.

Une concurrence américaine toujours plus prégnante

Selon une note d’Oddo BHF, 78% des dépenses d’équipements militaires européens entre mi-2022 et mi-2023 ont profité à des fournisseurs non européens, dont 63% aux États-Unis. Une tendance qui pourrait se confirmer avec l’alignement budgétaire de l’Union sur les objectifs de l’OTAN, qui vise désormais 5% du PIB à l’horizon 2035 pour la sécurité, dont 3,5% consacrés à la défense.

Malgré des ambitions de rééquilibrage, les analystes s’accordent à dire qu’une part importante des nouvelles commandes européennes bénéficiera encore aux industriels américains, renforçant leur domination sur le marché mondial.

Thales fragilisé par un incident de cybersécurité

En parallèle, Thales a été touché par une autre mauvaise nouvelle. Le groupe détient 35% du capital de Naval Group, entreprise visée par une attaque malveillante. Un hacker affirme détenir des documents sensibles appartenant au constructeur naval, bien que Naval Group démente toute intrusion informatique pour le moment.

Dans un communiqué, l’entreprise évoque une « attaque réputationnelle » dans un « contexte informationnel sous tension », et a déposé plainte. Cette affaire pourrait, selon la banque Jefferies, avoir contribué à la chute du titre Thales ce lundi matin.

Dassault Aviation, l’exception qui confirme la règle

À contre-courant, Dassault Aviation a progressé de 2,3% à la Bourse de Paris. Le constructeur du Rafale a bénéficié d’un relèvement de recommandation de la part de Kepler Cheuvreux et de l’annonce d’une suppression des surtaxes douanières sur les exportations aéronautiques dans le nouvel accord transatlantique.

Un soulagement pour Dassault, dont un tiers des livraisons de jets Falcon est destiné à des clients américains. Les taxes à l’importation menaçaient la compétitivité du groupe, comme l’avait souligné récemment son PDG, Éric Trappier, qui dénonçait une situation « intenable » pour les marges de l’entreprise.

Vers une dépendance renforcée de la défense européenne ?

L’accord entre Trump et von der Leyen, bien qu’il évite une escalade commerciale, ravive la crainte d’une dépendance stratégique accrue de l’Europe envers les États-Unis, notamment en matière de défense. Alors que le Vieux Continent tente de renforcer son autonomie militaire, la perspective de commandes massives passées aux industriels américains pourrait freiner le développement d’une industrie européenne souveraine.

Ce dilemme stratégique entre autonomie et alignement transatlantique devrait continuer d’animer les débats à Bruxelles… et peser sur les cours de Bourse des groupes concernés dans les mois à venir.

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