Méduses de Gravelines : un réacteur nucléaire redémarre

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Le réacteur n°6 de la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) a redémarré mercredi matin à 7h30, a indiqué EDF. Cette remise en service marque le début d’un retour progressif à la normale, après plus de deux jours d’arrêt complet lié à la présence inhabituelle et massive de méduses dans les installations de pompage de l’eau de mer, essentielle au refroidissement des réacteurs.

Selon l’opérateur, les unités de production n°2, 3, 4 et 6 s’étaient automatiquement arrêtées entre la nuit de dimanche et lundi matin, en raison de l’obstruction des tambours filtrants par ces organismes marins. Les réacteurs n°1 et 5, déjà en maintenance programmée, n’étaient pas concernés par l’incident.

Un phénomène exceptionnel mais connu

L’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) a confirmé qu’il s’agissait d’un événement rare par son ampleur. D’après la chercheuse Elvire Antajan, « plusieurs milliers de méduses » se sont engouffrées dans le port de Dunkerque, où la centrale prélève l’eau nécessaire à ses systèmes de refroidissement.

Malgré cette intrusion, EDF affirme qu’aucun impact n’a été relevé sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel ou l’environnement. Les stations de pompage, situées dans la partie non nucléaire du site, sont conçues pour filtrer les éléments marins. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a confirmé que le refroidissement des équipements assurant la sécurité des réacteurs n’a pas été compromis.

Les autorités rappellent que ce type d’incident fait partie des risques identifiés pour les centrales situées en bord de mer. Les dispositifs en place permettent de gérer l’afflux ponctuel d’éléments marins tels que les méduses ou les algues, susceptibles de colmater les filtres et de perturber temporairement la production.

Gravelines, un site stratégique

Mise en service entre 1980 et 1985, la centrale de Gravelines est la plus importante d’Europe occidentale, avec six réacteurs à eau pressurisée de 900 MW chacun, pour une capacité totale de 5 400 MW. Située sur la côte de la mer du Nord, elle fournit une part significative de l’électricité produite en France.

Le site est appelé à évoluer dans les années à venir : EDF prévoit l’installation de deux réacteurs EPR2 de nouvelle génération, d’une puissance unitaire de 1 600 MW, dont la mise en service est envisagée à l’horizon 2040.

Un retour à la normale encore incertain

Si le redémarrage du réacteur n°6 constitue une première étape, trois autres unités restent toujours à l’arrêt, le temps d’éliminer totalement les méduses présentes dans les systèmes de pompage et de vérifier l’état des installations.

Aucune date précise n’a encore été communiquée pour une reprise complète de la production. EDF assure toutefois que les opérations de nettoyage et de contrôle se poursuivent afin de rétablir la pleine capacité du site dans les meilleurs délais.

Cet épisode illustre la vulnérabilité ponctuelle de certaines infrastructures industrielles face à des phénomènes naturels imprévisibles, même lorsque des mesures préventives existent.

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