USA : les milliards des droits de douane partent à la dette

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Alors que le Président des USA avait évoqué la possibilité de redistribuer aux Américains une partie des recettes générées par les nouveaux droits de douane, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a mis fin aux spéculations. Selon lui, ces milliards seront utilisés en priorité pour alléger la dette américaine, une décision qui soulève autant de débats économiques que politiques.

La promesse de chèques envolée

Durant la campagne présidentielle et les premiers mois de son mandat, Donald Trump n’avait pas exclu l’idée de verser directement aux ménages américains une partie des sommes récoltées grâce à l’imposition de nouveaux droits de douane. Cette mesure, présentée comme un « dividende national », visait à convaincre l’opinion publique que les guerres commerciales pouvaient bénéficier directement au portefeuille des citoyens.

Mais mardi 19 août, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a balayé cette hypothèse. Dans une interview accordée à CNBC, il a précisé que les recettes ne seraient pas redistribuées dans l’immédiat, mais mobilisées pour réduire le poids colossal de la dette fédérale. Une annonce qui marque un tournant par rapport au discours politique initial.

Des recettes supérieures aux prévisions des USA

Depuis l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane au printemps, les recettes fiscales américaines connaissent un bond spectaculaire. Selon Scott Bessent, environ 100 milliards de dollars ont déjà été encaissés depuis avril. L’estimation globale de 300 milliards pour la première année devrait d’ailleurs être « substantiellement revue à la hausse », signe que la stratégie protectionniste rapportera davantage qu’anticipé.

Ces taxes, imposées à des dizaines de pays partenaires des USA, touchent de nombreux secteurs : produits manufacturés, technologies, matières premières ou encore biens de consommation. L’administration Trump justifie ces mesures par la volonté de rééquilibrer la balance commerciale et de soutenir la production nationale. Mais leurs répercussions économiques restent sujettes à controverse.

La priorité donnée à la dette publique des USA

Si Donald Trump avait évoqué des chèques distribués directement aux citoyens, Scott Bessent a rappelé que la priorité du Trésor américain restait la stabilisation des finances publiques. « Ces recettes doivent être utilisées pour renforcer la solidité de notre économie et réduire la vulnérabilité de l’État face à la dette », a-t-il insisté.

Avec une dette fédérale dépassant désormais les 34 000 milliards de dollars, l’enjeu est colossal. Le service de cette dette, alourdi par la hausse des taux d’intérêt, pèse de plus en plus sur le budget fédéral. Réorienter les revenus douaniers vers ce poste constitue donc une stratégie de rigueur budgétaire, mais aussi un signal adressé aux marchés financiers.

Une décision aux répercussions politiques

La mise au point de Scott Bessent n’est pas anodine sur le plan politique. En promettant d’utiliser ces milliards pour réduire la dette, l’administration cherche à afficher son sérieux budgétaire et à rassurer les investisseurs. Mais cette stratégie risque aussi de frustrer une partie de l’opinion publique qui espérait bénéficier d’un soutien direct face à l’inflation persistante et au ralentissement de la croissance.

Certains économistes estiment que l’absence de redistribution pourrait accentuer les tensions sociales. Les droits de douane se traduisent en effet par une hausse des prix pour les consommateurs américains, qui supportent indirectement une partie de la facture. Dans ce contexte, l’idée de chèques apparaissait comme un moyen de compenser cet effet négatif.

Le dilemme de la redistribution

L’annonce du secrétaire au Trésor relance le débat sur la finalité des politiques protectionnistes. Faut-il utiliser les droits de douane comme un outil de financement de l’État ou comme un mécanisme de redistribution ? Pour l’heure, l’administration américaine semble avoir choisi la première option.

Certains observateurs soulignent toutefois qu’il n’est pas exclu qu’une redistribution partielle ait lieu plus tard, notamment à l’approche de la présidentielle de 2028. En attendant, la décision traduit une priorité claire : rassurer les marchés et tenter de contenir une dette qui inquiète de plus en plus les agences de notation.

Une stratégie aux effets incertains pour les USA

Reste à savoir si cette orientation portera ses fruits. En théorie, utiliser les recettes douanières pour réduire la dette permet de donner de la crédibilité à la politique budgétaire américaine. Mais dans les faits, les montants collectés ne représentent qu’une fraction de la dette totale. Même si les recettes dépassent les 300 milliards de dollars, elles ne réduiront qu’à la marge un endettement qui croît de plusieurs milliers de milliards chaque année.

De plus, les conséquences économiques à moyen terme de ces hausses de droits de douane restent incertaines. Si elles protègent certains secteurs américains, elles renchérissent aussi le coût des importations, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la compétitivité de certaines entreprises.

Un choix entre rigueur et populisme

En renonçant, au moins temporairement, à redistribuer directement ces milliards, Scott Bessent a opté pour une ligne de rigueur budgétaire, en contraste avec les promesses plus populistes de Donald Trump. Ce choix illustre le dilemme permanent des administrations américaines : arbitrer entre des mesures à fort impact politique immédiat et des stratégies de long terme visant la stabilité économique.

Pour les Américains, la perspective de chèques semble donc s’éloigner. Mais dans un climat politique mouvant, rien ne dit que cette idée ne ressurgira pas, notamment si la pression sociale ou la compétition électorale pousse la Maison Blanche à revoir ses priorités.

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