Redressement judiciaire : magasins emblématiques menacés

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Le sort judiciaire de Princesse Tam Tam et Comptoir des Cotonniers, deux marques emblématiques du prêt-à-porter français détenues par le groupe japonais Fast Retailing, semble désormais scellé : cinq offres de reprise partielle ont été déposées cette semaine, mais aucune ne prévoit de conserver les enseignes. Selon des documents consultés par l’AFP et révélés initialement par L’Informé, les candidats à la reprise ne s’intéressent qu’aux magasins et aux salariés, et non aux marques elles-mêmes, actuellement en redressement judiciaire.

Ces propositions, déposées les 4 et 5 août auprès du tribunal de commerce de Paris, visent une vente à la découpe de 26 points de vente, à condition de maintenir une activité de prêt-à-porter et d’y reclasser les salariés concernés. Mais les deux enseignes historiques, symboles d’un certain art de vivre à la française, ne survivront pas dans leur forme actuelle.

Antonelle en tête de file

Parmi les cinq prétendants, le groupe Antonelle se détache. Déjà propriétaire de Kookaï et Un Jour Ailleurs, Antonelle propose de reprendre six boutiques et leurs 17 salariés. Objectif : renforcer son maillage territorial et poursuivre la relance de ses marques récentes. Une stratégie cohérente pour ce groupe en pleine phase de reconsolidation dans un secteur particulièrement instable.

Les autres offres proviennent de structures plus discrètes, qui misent sur des emplacements jugés stratégiques, notamment à Saint-Tropez, Saint-Malo, Strasbourg, Dijon, Boulogne-Billancourt et Paris. La logique de ces candidats : acquérir des surfaces commerciales prêtes à l’emploi, avec du personnel expérimenté, pour y implanter leurs propres enseignes.

Une centaine de magasins menacés par la procédure judiciaire

Le périmètre de la procédure de redressement est large : une centaine de boutiques sont encore exploitées par Fast Retailing France, représentant environ 500 salariés, incluant ceux du siège. L’appel d’offres actuel ne porte donc que sur une minorité du parc commercial, laissant planer une grande incertitude sur l’avenir du reste du réseau.

Fast Retailing, propriétaire d’Uniqlo, avait acquis ces marques françaises avec l’ambition de les intégrer dans une stratégie mondiale. Mais face à la baisse continue de leurs performances commerciales, le groupe japonais a finalement décidé de jeter l’éponge, ouvrant la voie à une liquidation ou à une revente partielle.

Une fin d’ère pour deux marques emblématiques

Nées dans les années 90 pour Comptoir des Cotonniers et dans les années 80 pour Princesse Tam Tam, les deux marques ont longtemps incarné un style urbain, féminin et accessible, avec une forte identité. Mais elles ont progressivement été dépassées par la montée en puissance du fast fashion et l’émergence de marques plus jeunes, mieux armées pour le numérique et la vente en ligne.

Leur positionnement intermédiaire, ni véritablement haut de gamme ni totalement grand public, les a rendues vulnérables aux crises du secteur textile, notamment à la pandémie de Covid-19, à l’explosion des coûts logistiques, et à l’évolution des habitudes de consommation.

Un avenir encore flou après le duel judiciaire

Si quelques emplois seront sauvés via les offres de reprise, l’avenir reste sombre pour la majorité des salariés. Les syndicats attendent désormais de voir si d’autres offres, plus larges, pourraient émerger dans les prochaines semaines. Mais sans les marques elles-mêmes dans la balance, il est peu probable que de grands groupes s’y intéressent.

Ainsi, la disparition programmée de ces deux enseignes marque un tournant dans le paysage du prêt-à-porter français, déjà affaibli par de nombreuses faillites ces dernières années. La vente à la découpe, loin d’être une renaissance, ressemble davantage à un chant du cygne discret pour deux figures autrefois incontournables du dressing français.

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