Daron Acemoglu alerte : l’IA risque de concentrer le pouvoir entre quelques mains

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L’intelligence artificielle (Intelligence Artificielle) est-elle en train de menacer nos démocraties au lieu de les renforcer ? Pour Daron Acemoglu, économiste au MIT et lauréat du prix Nobel d’économie 2024, la trajectoire actuelle de l’IA fait peser des risques considérables sur l’avenir du travail, de l’économie et des institutions politiques.

L’IA doit augmenter l’humain, pas le remplacer

Dans ses recherches, Acemoglu insiste sur la direction que prennent les innovations technologiques. « C’est une question existentielle », affirme-t-il. Selon lui, si l’IA continue de se développer principalement pour automatiser et concentrer le contrôle de l’information entre les mains de quelques géants de la tech, l’avenir sera marqué par de profondes inégalités.

L’économiste rappelle que l’automatisation n’a pas toujours profité aux travailleurs. Au XIXᵉ siècle, les tisserands britanniques ont vu leurs revenus réels s’effondrer pendant plusieurs décennies avant qu’une amélioration ne survienne. Pour éviter de reproduire cette trajectoire, l’IA devrait servir à accroître les capacités humaines, en libérant du temps pour la créativité, la résolution de problèmes ou des tâches à forte utilité sociale.

Le danger de la centralisation des données

Pour Acemoglu, le véritable risque réside dans la concentration du pouvoir économique et informationnel entre quelques entreprises. « Nous ne confions pas vraiment notre avenir à un marché concurrentiel mais aux dirigeants de sociétés comme Google ou OpenAI », alerte-t-il.

Le chercheur met en garde contre un scénario à la chinoise, où la centralisation de l’information sert à surveiller la population. « Contrôler l’information, c’est affaiblir le journalisme, le débat démocratique et la capacité collective à décider », souligne-t-il.

Une démocratie jamais acquise

Au-delà de l’économie, c’est la solidité des institutions politiques qui est en jeu. Acemoglu rappelle que la prospérité durable repose sur des institutions « inclusives » : justice indépendante, pluralisme politique, droits de propriété. Mais ces piliers sont aujourd’hui fragilisés.

« Le programme de Trump consiste à mettre en place une présidence impériale », estime-t-il, inquiet pour l’avenir démocratique des États-Unis mais aussi de plusieurs pays européens, dont la France et le Royaume-Uni. Et de rappeler : « Dans les années 1920, les Européens considéraient la démocratie comme acquise. Regardez ce qu’il s’est passé. »

Pour l’économiste, l’urgence est claire : bâtir des institutions capables de limiter le pouvoir économique et politique afin que les technologies émergentes bénéficient au plus grand nombre, et non à une poignée d’acteurs.

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