Le budget français de défense pour 2023 augmente de 3 milliards d’euros afin de financer une « économie de guerre »

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Propulsé par un décret visant à réaliser des investissements profonds dans sa base industrielle de défense, le ministère français de la Défense a dévoilé un budget 2023 d’une valeur de plusieurs milliards de plus que l’année précédente pour lancer une nouvelle « économie de guerre. »

Les 43,9 milliards d’euros proposés pour l’armée française représentent une augmentation de 36 % par rapport au budget 2017 et une augmentation de 7,4 % par rapport aux fonds de 2022. L’ajout de 3 milliards d’euros pour 2023 représente près du double des augmentations d’une année sur l’autre observées ces deux dernières années, ont noté les responsables lors d’un point de presse mardi. Entre les budgets 2019 et 2022′, l’augmentation annuelle se situait autour de 1,7 milliard d’euros, ce qui était l’objectif à atteindre selon la loi de programmation militaire 2019-2025.

Cette augmentation avait été prévue par le ministre de la Défense Sebastien Lecornu lors de sa rencontre avec les législateurs français cet été.

Economie de guerre

Les commandes d’équipement représentent le plus gros montant du budget, soit 38 milliards d’euros. Ces commandes, selon les responsables, reflètent la déclaration du président français Emmanuel Macron en juillet sur une « économie de guerre ».

Les nouveaux fonds permettront de lancer la « transformation du modèle de production de notre industrie vers une « économie de guerre » et de garantir notre souveraineté en renouvelant nos stocks [de munitions] », a déclaré M. Lecornu dans une déclaration accompagnant les documents budgétaires.

L’objectif est de relancer les commandes d’équipements pour faire tourner les chaînes de production de l’outil industriel et de défense français, de maintenir les stocks de munitions à un niveau élevé et de prévenir toute attrition capacitaire en cas d' »engagement », selon les documents du ministère.

En 2023, l’armée française prévoit de commander :

  • 420 véhicules blindés légers Serval,
  • 8000 fusils d’assaut HK416,
  • 46 stations terrestres de communication par satellite pour la constellation Syracuse IV,
  • un lot de missiles à moyenne portée,
  • 22 hélicoptères multirôles de nouvelle génération,
  • 22 véhicules blindés lourds pour les forces spéciales.

La marine prévoit de commander :

  • 3 dispositifs navals de contre-UAS,
  • 19 stations SATCOM navales pour Syracuse IV,
  • un lot de missiles antinavires Exocet fabriqués par MBDA,
  • un lot de missiles Aster-30 de MBDA pour les frégates multirôles FREMM,
  • une « capacité exploratoire » pour les grands fonds marins.

Dans les domaines de l’air et de l’espace, les commandes comprennent :

  • 42 avions de combat Rafale,
  • Un lot de 320 missiles Aster BK 1 NT,
  • divers kits d’équipement pour les hélicoptères français Eurocopter EC 725 Caracal, ainsi que les avions de transport CN235 et A400M.

Parmi les développements majeurs, le ministère prévoit d’effectuer le premier tir des missiles air-air MICA de nouvelle génération construits par MBDA, qui équiperont les avions de combat français. Le ravitaillement en munitions dans tous les services absorbe 2 milliards d’euros de commandes en 2023.

Plus de 5 milliards d’euros du budget total sont consacrés à la maintenance, soit une augmentation de 12 % du financement par rapport à l’année dernière, qui comprend des investissements dans les outils numériques et les capacités de fabrication additive, ainsi que l’optimisation des flux de la chaîne d’approvisionnement, selon le ministère.

Des domaines d’intervention (relativement) nouveaux

Le ministère français de la Défense a mis en évidence de « nouveaux » domaines de financement dans le budget, à savoir 702 millions d’euros consacrés au domaine spatial, tandis que 288 millions d’euros sont affectés au domaine cybernétique. Le ministère prévoit de recruter environ 1 900 « cybercombattants » d’ici 2025. Un montant de 467 millions d’euros est mis en avant pour les systèmes de guerre de l’information.

La « nouvelle » catégorie de financement la plus notable est consacrée à la guerre des fonds marins, qui recevrait 3,5 millions d’euros en 2023. Ces fonds couvriraient la protection des biens souverains situés en profondeur, tels que les ressources naturelles et les câbles sous-marins, et investiraient dans des technologies permettant de récupérer des « objets sensibles », selon le ministère.

Un total de 8 milliards d’euros est consacré aux efforts de recherche et de développement, dont 6 milliards pour de nouveaux programmes de développement, tandis qu’un milliard d’euros est réservé à l' »innovation », soit le même montant que l’année dernière. Pour la R&D, six domaines prioritaires clés sont notés : la cyberdéfense, les technologies de lutte contre les UAS, la domination des fonds marins, l’hypervélocité et la défense chimique, biologique, radiologique et nucléaire.

Exceptions notables : FCAS et MGCS

Deux programmes impliquant la France se distinguent dans le budget par leur omission : l’effort FCAS (Future Combat Air System) visant à construire un avion de combat franco-germano-espagnol de nouvelle génération et les nouveaux systèmes associés, et le réservoir MGCS (Main Ground Combat System) en cours de développement par Paris et Berlin. Ces deux programmes ne figurent nulle part dans les documents budgétaires fournis par le ministère.

Les deux efforts ont ralenti jusqu’à s’arrêter complètement pour le moment. Mardi, les responsables du ministère français ont affirmé que le budget prévoyait des fonds pour que les deux projets puissent passer aux prochaines phases de développement, mais ils ont refusé de fournir les chiffres.

L’année dernière, le ministre avait budgétisé 282,7 millions d’euros pour le programme FCAS afin de financer les études en cours et les préparatifs de la phase de démonstration, tandis que le programme MGCS devait recevoir 58 millions d’euros pour la phase de développement.

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