Le Medef tire la sonnette d’alarme à propos de la crise énergétique européenne

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L’économie française risque de subir des dommages durables en raison de la flambée des prix du gaz naturel et de l’électricité qui érode la compétitivité du continent et oblige finalement l’industrie à délocaliser ses activités ailleurs, a déclaré le Medef, le lobby des entreprises françaises.

Cette menace à long terme s’ajoute aux risques de récession à plus court terme, car les entreprises doivent choisir entre réduire une production coûteuse ou absorber des pertes, a déclaré le groupe dans une présentation à son siège à Paris mercredi.

« Il y a un deuxième effet plus pernicieux pour notre compétitivité », a déclaré Christophe Beaux, directeur général du Medef. « À plus long terme, cela peut provoquer des délocalisations pour obtenir des sources d’énergie moins chères, notamment aux États-Unis. »

Les responsables du groupe d’affaires représentant les plus grandes entreprises françaises ont exhorté l’Union européenne à convenir d’un système permettant aux gouvernements d’apporter une aide aux entreprises. Pour l’instant, les pays accordent des aides qui favorisent les entreprises différemment selon leur taille, leur secteur et leur localisation.

L’harmonisation des règles et des aides, comme les gouvernements du bloc ont réussi à le faire pendant le Covid, aiderait le continent à préserver sa compétitivité, a déclaré le président du Medef, Geoffroy Roux de Bezieux.

« Le vrai combat n’est pas entre la France et l’Allemagne ou la France et l’Italie : c’est entre l’Europe et le reste du monde », a-t-il déclaré. « Il y a déjà une tendance au déclin industriel qui risque de s’exacerber avec cette crise énergétique ».

Avec le ‘quoi qu’il en coûte’, qu’il s’agisse de santé ou d’énergie, le gouvernement français est devenu expert dans l’art de l’apesanteur économique

Avec le « quoi qu’il en coûte« , qu’il s’agisse de santé ou d’énergie, le gouvernement français est devenu expert dans l’art de l’apesanteur économique. Avec des résultats certains, mais à chaque fois au prix de dépenses astronomiques et d’un retour douloureux sur terre. En témoigne la colère qui s’est manifestée aux pompes à essence depuis la baisse de la ristourne sur le carburant le 15 novembre dernier.

Tous les pays européens ont tenté d’amortir la flambée des prix du pétrole cette année en accordant des rabais sur les prix à la pompe. Mais aucun n’a dépensé autant que la France. Le coût pour l’État approchera les 8 milliards d’euros, quand l’Allemagne a dépensé un peu plus de 3 milliards.

Traumatisée par le soulèvement des « gilets jaunes » en 2018, la France a dépensé presque autant pour faire rouler les automobilistes que pour les chauffer au gaz. Une initiative généreuse et efficace, mais injuste. Elle favorise les plus riches et leurs gros 4 × 4, et contredit la politique proclamée de lutte contre le réchauffement climatique. Pour éviter un sevrage trop violent aux dizaines de millions de Français qui n’ont d’autre choix que la voiture pour se déplacer, un système ciblé a été mis en place. Il sera évidemment plus complexe et moins efficace, mais un peu plus vertueux.

Le reflet du tropisme consumériste de la France

Grâce à ce dispositif d’urgence, des drames ont sûrement été évités. Cette politique est « l’assurance-vie de l’économie française », a coutume de dire le ministre délégué chargé des comptes publics, Gabriel Attal. Elle est, en tout cas, le reflet du tropisme consumériste de la France. Cette « société de supermarché » comme la décrit le politologue Jérôme Fourquet, où les Intermarché ont remplacé les usines dans nos campagnes, se précipite pour réduire le prix du super, mais ne pense pas spontanément aux entreprises.

Ce n’est qu’en octobre que le gouvernement a proposé un plan d’aide énergétique aux entreprises, tellement ciblé que son efficacité sera limitée. D’où la colère du patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui constate que, quand la France promet d’y consacrer 10 milliards, l’Allemagne, au contraire, plus productiviste que consumériste, y engagera 100 milliards et renforcera sa compétitivité. Demander ou offrir, à chacun ses priorités. Mais un nouvel arbitrage se dessine : la consommation contre l’environnement. Quel choix la France fera-t-elle ?

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