L’activité va stagner, l’inflation va culminer

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Après une année 2022 résiliente en France, où l’activité économique a progressé de 2,6 %, 2023 devrait être caractérisée par une quasi-stagnation. L’inflation devrait encore augmenter, avant de commencer à baisser à l’été 2023.

2022, une année de résilience

En France, l’année 2022 se caractérise par une résilience de l’activité malgré l’impact négatif de la guerre en Ukraine et de l’inflation mondiale. La fin des mesures restrictives Covid a permis à l’activité dans les services de rebondir significativement, tandis que les politiques publiques très expansionnistes et la vigueur du marché du travail ont largement soutenu le pouvoir d’achat des ménages, conduisant le PIB français à croître d’environ 2,6% sur l’année. En raison de la politique du gouvernement visant à limiter la hausse de la facture énergétique française, l’inflation française est restée bien inférieure à celle des autres pays européens en 2022, s’établissant en moyenne à 5,2% (5,9% pour l’indice harmonisé).

Une inflation plus élevée en 2023 qu’en 2022

Alors que la plupart des pays européens ont déjà dépassé le pic d’inflation, l’inflation en France devrait encore augmenter au premier trimestre 2023. La révision du « bouclier tarifaire » entraînera une hausse de 15 % de la facture énergétique des ménages, contre une hausse de 4 % en 2022. De nombreuses entreprises sont confrontées à la première révision à la hausse de leur facture énergétique depuis 2021. La hausse des coûts de production devrait continuer à soutenir l’inflation des produits alimentaires et manufacturés. En outre, les quatre indexations du salaire minimum sur l’inflation en 2022 continueront d’entraîner des augmentations de tous les salaires, ce qui fera grimper l’inflation de manière significative, notamment dans les services, en 2023. Au final, l’inflation moyenne en 2023 sera probablement plus élevée qu’en 2022 (nous prévoyons 5,5 % pour l’année, et 6,3 % pour l’indice harmonisé), avec un pic au-dessus de 6,5 % au premier trimestre, avant de diminuer progressivement à partir de l’été. Fin 2023, l’inflation devrait encore se situer au-dessus de 4%, un niveau supérieur à la moyenne européenne. La décélération devrait se poursuivre en 2024, avec une inflation de 2,6% en moyenne sur l’année (3,5% pour l’indice harmonisé).

Une quasi-stagnation de l’activité en 2023

L’année 2023 devrait être caractérisée par une quasi-stagnation de l’économie française sur l’ensemble des trimestres de l’année. Si les salaires nominaux par tête devraient augmenter d’environ 6% en 2023, le pouvoir d’achat réel par personne restera très faible, pesant sur la consommation privée. Compte tenu des incertitudes, de la hausse attendue (bien que faible) du taux de chômage et du faible niveau de confiance des ménages, le taux d’épargne des ménages restera probablement élevé et supérieur à sa moyenne historique. L’investissement des ménages dans le logement devrait stagner, freiné par la hausse des prix des matières premières et des taux d’intérêt. Le secteur manufacturier devrait continuer à voir ses difficultés d’approvisionnement s’atténuer, mais il devra faire face à une demande mondiale beaucoup plus faible et sera toujours exposé au risque d’une nouvelle hausse importante des prix mondiaux de l’énergie. Nous prévoyons une croissance de 0,2% pour l’ensemble de l’année 2023 et de 1,1% pour 2024.

Une sortie difficile du « quoi qu’il en coûte »

Alors que dans plusieurs pays européens, les syndicats et l’opinion publique se mobilisent pour réclamer des augmentations de salaires, en France, les protestations se concentrent sur la réforme des retraites. Le gouvernement veut mettre en œuvre une réforme qui, entre autres, portera l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans afin de maintenir la viabilité budgétaire du système. Bien que le système réformé puisse encore être qualifié de généreux en comparaison avec ses voisins européens, les syndicats et la gauche politique s’y opposent fermement. L’ampleur de la mobilisation doit encore être confirmée dans la rue. Après des années de « quoi qu’il en coûte » où le gouvernement a largement subventionné l’activité (rien qu’en 2022, 50 milliards d’euros ont été dépensés pour protéger les ménages et les entreprises contre l’inflation), la viabilité budgétaire a disparu du débat politique. Par conséquent, la politique budgétaire devrait rester assez accommodante dans les années à venir. Le déficit devrait rester supérieur à 5 % du PIB jusqu’en 2025, avec une dette supérieure à 112 %.

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