La lutte contre l’inflation préoccupe les banquiers centraux, mais est-ce vraiment la meilleure approche en ces temps incertains ? Selon Didier Maurin, dirigeant du cabinet DCT (anciennement Didier Maurin Finance – DMF), laisser les prix monter est une alternative préférable à la récession. L’expert en gestion de patrimoine souligne les dangers liés aux stratégies des banques centrales axées sur la hausse des taux d’intérêt.
L’inflation, un phénomène économique avantageux
Les gouverneurs des banques centrales se sont engagés à combattre l’inflation depuis des décennies. D’après une tribune de Didier Maurin publiée dans le quotidien suisse Le Temps, il est grand temps de repenser cette approche dans la mesure où une inflation modérée présente des avantages économiques.
En effet, la hausse des prix peut réduire le fardeau de la dette publique. « Nos Etats devraient s’apercevoir qu’une inflation de 8% par an par exemple, c’est 80 milliards qu’ils n’auront pas à rembourser pour chaque paquet de 1000 milliards de dettes contractées. Comme beaucoup d’entre eux n’ont plus les moyens de rembourser ne serait-ce que les intérêts de la dette elle-même, ils feraient mieux de laisser faire une dépréciation qui semble naturelle actuellement », précise Didier Maurin. L’inflation soulage également la pression sur les finances publiques et évite la tentation de recourir à des mesures fiscales draconiennes nuisant à la croissance économique.
Le fondateur du cabinet DCT (ex Didier Maurin Finance – DMF) affirme également que l’inflation peut contribuer à dévaloriser les dettes privées, ce qui est bénéfique pour les ménages et les entreprises ayant contracté des prêts. L’augmentation des prix offre ainsi une certaine respiration dans un contexte où de nombreuses dettes sont devenues étouffantes.
Selon Didier Maurin, l’inflation vaut mieux que la récession
Le conseiller en gestion de patrimoine demande aux gouverneurs de banques centrales de s’adapter à leur environnement pour prospérer. En clair, ils devraient adopter une approche plus pragmatique et abandonner les dogmes dépassés. La comparaison avec les médecins de l’Antiquité pratiquant des saignées inutiles est pertinente : ils utilisaient un mauvais remède basé sur un mauvais diagnostic.
Pour éviter une catastrophe financière, il est essentiel pour Didier Maurin de privilégier une approche darwinienne et de repenser notre perception de l’inflation. Les mythes économiques, comme la nécessité d’augmenter les taux d’intérêt, doivent être remis en question. « En relevant leurs taux d’intérêt afin de soi-disant lutter contre l’inflation, nos gouverneurs de banques centrales sont en train de faire une erreur magistrale car plutôt que de freiner l’inflation, ils vont détruire la croissance. C’est particulièrement dangereux », indique le dirigeant du cabinet DCT.
Didier Maurin affirme que la décroissance est l’équivalent de la récession. Cette dernière implique une baisse du pouvoir d’achat et un chômage de masse qui génèrent systématiquement des mouvements politiques extrémistes et des conflits sociaux. La récession serait d’autant plus problématique alors que la guerre en Ukraine et la hausse des prix des matières premières perdurent. Afin d’éviter les souffrances économiques, l’expert de la finance invite les banques centrales à tirer les leçons du passé et à mettre en œuvre des politiques monétaires plus adaptées à notre époque.