Les actions des entreprises spécialisées dans l’armement enregistrent une ascension notable ce lundi matin sur les principales places boursières européennes. Cette flambée est alimentée par les perspectives d’augmentation des budgets militaires sur le continent, dans un climat marqué par des tensions accrues entre Kiev et Washington, renforçant ainsi la crainte d’un désengagement des États-Unis.
Aux alentours de 08h30 GMT, Thales progressait de 13,80 % et Dassault Aviation de 14,77 % à Paris. À Londres, BAE Systems s’appréciait de 17,31 %, tandis qu’à Francfort, Rheinmetall prenait 14,31 %, Hensoldt 18,82 % et Thyssenkrupp, dont une filiale produit des sous-marins, gagnait 10,68 %. Du côté de Stockholm, Saab enregistrait une hausse de 13,97 %, et Leonardo, à Milan, progressait de 9,98 %.
D’après Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, « l’engagement européen en faveur de l’Ukraine se traduit par une augmentation significative des dépenses en matière de défense ». Jochen Stanzl, expert chez CMC Markets, souligne pour sa part que « la possibilité d’un retrait américain pousse l’Europe à renforcer ses capacités militaires, transformant ainsi l’industrie de l’armement en un secteur stratégique pour les investisseurs ».
Un plan de renforcement militaire pour l’Europe
Dimanche, à Londres, les alliés européens de Kiev ont réaffirmé leur engagement en faveur de l’Ukraine et de leur propre réarmement. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a accueilli le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi qu’une quinzaine de dirigeants européens, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte et le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé son intention de présenter un « plan global pour le réarmement de l’Europe » lors d’un sommet exceptionnel de l’UE qui se tiendra jeudi à Bruxelles. Elle a insisté sur la nécessité d’une action rapide, déclarant : « Nous devons urgemment renforcer les capacités de défense européennes ».
En Allemagne, les discussions en cours entre les conservateurs de la CDU/CSU et les sociaux-démocrates du SPD incluent la création de deux fonds destinés à la défense et aux infrastructures, pour un montant total compris entre 800 et 900 milliards d’euros, selon des sources médiatiques. Si ce plan était étalé sur une décennie, son ampleur serait comparable aux investissements réalisés dans l’ex-RDA depuis la réunification, constituant un tournant majeur pour le secteur de la défense, selon une analyse de Deutsche Bank.