Fondateur de la plateforme Paymium, Pierre Noizat est soudainement sorti de l’ombre après la tentative d’enlèvement de sa fille. Figure respectée de l’univers crypto, il incarne une vision engagée du bitcoin, entre technologie et souveraineté monétaire.
Un ingénieur discret devenu entrepreneur crypto
Peu connu du grand public, Pierre Noizat est pourtant une figure majeure de l’écosystème bitcoin en France. Diplômé de Polytechnique et de l’université de Columbia à New York, il débute sa carrière dans les télécommunications. Il participe notamment au lancement de DirecTV aux États-Unis et au développement de TPS en France, deux projets phares dans la télévision numérique.
Mais c’est en 2009, à la lecture du livre blanc de Satoshi Nakamoto, que sa trajectoire bascule. Séduit par la promesse d’une monnaie décentralisée, il cofonde en 2011 l’une des toutes premières plateformes d’échange bitcoin/euro en Europe : Bitcoin-Central, qui deviendra plus tard Paymium. En misant sur un cadre réglementé et sécurisé, il défend très tôt une adoption responsable du bitcoin.
Paymium s’impose comme une référence en Europe. Enregistrée comme PSAN auprès de l’AMF, la plateforme propose des services aux particuliers et aux entreprises, du trading classique à la gestion d’actifs, avec une priorité donnée à la sécurité des fonds et à la transparence. L’entreprise développe également des outils comme l’achat récurrent (DCA) ou des solutions de paiement en bitcoin, dans une logique de démocratisation.
Un événement personnel au retentissement national
Le 13 mai 2025, Pierre Noizat voit sa vie bouleversée. En plein jour, trois hommes encagoulés tentent d’enlever sa fille, enceinte, dans les rues de Paris. La scène, filmée par des caméras de surveillance, fait le tour des réseaux sociaux. Rapidement, la Brigade de répression du banditisme ouvre une enquête pour tentative d’enlèvement. Plusieurs suspects sont interpellés quelques jours plus tard.
Cet événement place Noizat sous les projecteurs malgré lui. Il devient malgré sa discrétion naturelle un symbole de la vulnérabilité croissante des figures du monde crypto, souvent perçues – à tort – comme détenant d’immenses fortunes faciles à extorquer. Un phénomène déjà observé à l’étranger, désormais présent en France.
Interrogé sur BFMTV peu après, Pierre Noizat s’exprime avec une rare franchise. Il évoque une « mexicanisation de la France », dénonçant l’impuissance de l’État face à l’implantation de groupes criminels organisés. Il critique sans détour la centralisation des institutions financières et appelle à renforcer les libertés individuelles par les technologies décentralisées.
La vision politique du bitcoin de Pierre Noizat
Au-delà de son activité entrepreneuriale, Noizat s’investit dans la diffusion d’une philosophie du bitcoin. Auteur de plusieurs ouvrages, fondateur du site e-ducat.fr, il milite pour une souveraineté monétaire et numérique en Europe. Pour lui, le bitcoin ne se limite pas à une innovation technique : il représente un instrument d’émancipation face à l’inflation, aux crises bancaires et à la concentration des pouvoirs économiques.
Son discours tranche dans un univers où la neutralité est souvent la norme. Il voit dans la blockchain un prolongement naturel des principes républicains : séparation des pouvoirs, transparence, responsabilisation. La décentralisation, affirme-t-il, pourrait constituer un nouveau socle pour les sociétés démocratiques.
L’attaque dont sa famille a été victime vient renforcer sa détermination. Dans un contexte d’instabilité sociale, de méfiance envers les institutions et de montée des violences urbaines, Noizat plaide pour un modèle plus résilient et moins dépendant des structures centralisées.
