Velvet, le train privé qui veut défier la SNCF à grande vitesse

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Le nouvel opérateur ferroviaire français Proxima lève le voile sur Velvet, sa future marque de TGV. Avec un milliard d’euros levé et des premières rames en production chez Alstom, le projet semble le mieux armé pour rivaliser avec SNCF Voyageurs sur l’axe atlantique à l’horizon 2028.

Velvet, un nom qui veut marquer les esprits

C’est dans une atmosphère à la fois sobre et solennelle que Rachel Picard, PDG et cofondatrice de Proxima, a présenté ce mardi à Paris l’identité visuelle et le nom commercial de sa future offre de trains à grande vitesse. La marque s’appellera Velvet, un clin d’œil à une promesse de confort et d’élégance, loin de l’univers parfois austère des grandes lignes ferroviaires.

Mais derrière ce nom doux, le défi est colossal : s’attaquer à la SNCF sur ses terres historiques, avec une première ligne prévue vers Bordeaux, puis des extensions vers Rennes, Nantes et Angers depuis Paris. Les débuts commerciaux sont prévus pour 2028, soit dans un peu moins de quatre ans.

Proxima, un acteur crédible dans une jungle concurrentielle

Dans le paysage de l’ouverture à la concurrence des lignes TGV, nombreux sont les projets annoncés mais peu sont allés jusqu’à la phase de concrétisation. Railcoop a récemment renoncé à ses ambitions de relier Bordeaux à Lyon, faute de financement. Midnight Trains, qui promettait des trains-hôtels de luxe, n’a toujours pas vu le jour. Et des projets comme Le Train ou Kevin Speed courent encore après les fonds nécessaires pour décoller.

Proxima, de son côté, a franchi un cap décisif en 2023 : celui du financement. En levant un milliard d’euros auprès du fonds Antin Infrastructure Partners, l’opérateur privé a sécurisé les moyens nécessaires pour acheter du matériel roulant, recruter des équipes et entrer dans la phase industrielle du projet.

La présence de Rachel Picard, ancienne directrice de Voyages SNCF, à la tête du projet ajoute également de la crédibilité. Elle connaît parfaitement le marché du transport ferroviaire à grande vitesse, ses contraintes réglementaires, son modèle économique et surtout, ses failles. Velvet compte bien s’y engouffrer.

Des rames signées Alstom, sur base de TGV nouvelle génération

Autre signe de maturité du projet : la production des rames a déjà commencé. Ce sont les ateliers d’Alstom qui sont à la manœuvre, avec une base technologique déjà éprouvée : la plateforme Avelia Horizon, autrement dit, le même modèle que le TGV M de la SNCF. Ce train à deux niveaux, modulaire et plus économe en énergie, représente l’avenir du transport ferroviaire à grande vitesse en Europe.

Pour l’heure, le design intérieur reste confidentiel, tout comme la configuration des classes ou les services embarqués. Mais Rachel Picard a promis une expérience de voyage différenciante, misant notamment sur l’accessibilité, le confort et la simplicité tarifaire, dans un esprit “à la Netflix” du train, selon ses propres mots.

Objectif 2028… mais le pari industriel reste fragile pour Velvet

Proxima vise donc une mise en circulation en 2028 sur Paris–Bordeaux, avant d’étendre son réseau à d’autres destinations de l’ouest. Ce calendrier repose sur la capacité d’Alstom à livrer les rames dans les temps, un défi non négligeable.

L’industriel français a en effet accumulé les retards sur plusieurs contrats, notamment sur le TGV M pour SNCF Voyageurs, mais aussi à l’étranger. Ces décalages, parfois de plus d’un an, sont liés à des tensions sur la chaîne d’approvisionnement, des ajustements techniques ou encore des retards de certification. Proxima avait initialement espéré une première livraison dès 2027 et un lancement commercial dans la foulée. Le glissement d’un an est déjà acté, mais pourrait s’allonger en fonction de l’évolution du chantier industriel.

Une bataille de plus en plus ouverte sur les rails français

Avec Velvet, un nouveau front s’ouvre pour la libéralisation du marché ferroviaire français. Trenitalia, avec sa Frecciarossa, est déjà bien implantée sur Paris–Lyon–Milan. Renfe a lancé ses premiers trains AVE entre Lyon, Marseille et Barcelone. Et d’autres acteurs toquent à la porte. Mais Proxima est le premier opérateur privé né en France à entrer sérieusement dans l’arène du TGV.

Son arrivée est particulièrement symbolique car elle vise une ligne très rentable pour la SNCF, celle de Bordeaux, qui a connu un bond de fréquentation depuis l’ouverture de la LGV en 2017. Le pari de Proxima : capter une clientèle lassée des tarifs élevés ou de l’offre standardisée, en jouant la carte d’un service alternatif haut de gamme, tout en restant compétitif.

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