La hausse de la fiscalité aérienne continue de produire des effets en cascade. Selon l’Union des aéroports français (UAF), les compagnies ont retiré des milliers de vols de leurs programmes d’hiver et d’été après le triplement de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA). Les plateformes régionales anticipent une baisse globale de plus de 1,3 million de passagers dans les prochains mois.
Des suppressions de vols en chaîne
Entrée en vigueur en mars, la hausse de la TSBA renchérit chaque billet de 4,77 euros sur les vols intérieurs ou européens au départ de la France, tandis que les passagers long-courriers en classe affaires peuvent désormais payer jusqu’à 120 euros de taxe supplémentaire par trajet. Pour l’UAF, cette évolution a eu un impact direct sur la stratégie des compagnies low cost opérant sur le territoire.
Ryanair, première compagnie à réagir, avait annoncé dès juillet une réduction de 13 % de sa capacité en France, soit environ 750 000 sièges supprimés pour la saison d’hiver. Le transporteur irlandais a également quitté trois aéroports régionaux, Strasbourg, Bergerac et Brive, pour la période allant de fin octobre à fin mars. EasyJet aurait également ajusté son programme, selon les données compilées par l’UAF.
Une baisse de trafic marquée dès l’hiver
D’après les remontées des aéroports membres de l’UAF, la seule saison d’hiver devrait enregistrer un manque de 630 000 passagers. L’organisation prévient que cette dynamique pourrait s’aggraver : pour le printemps et l’été suivants, ce sont 750 000 voyageurs supplémentaires qui pourraient faire défaut en raison des décisions déjà annoncées par les compagnies.
Ces chiffres ne prennent pas en compte les deux plus grands aéroports français, Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, qui concentrent pourtant la moitié des 205 millions de passagers enregistrés dans le pays en 2024. Le bilan réel pourrait donc être encore plus élevé.
Un trafic français toujours en retard sur 2019
Le président de l’UAF, Thomas Juin, a rappelé que le trafic n’avait pas encore retrouvé son niveau d’avant-pandémie. En 2024, la France affiche toujours un déficit de 4 % par rapport à 2019. Dans le même temps, la reprise est plus dynamique ailleurs en Europe, où l’offre de sièges progresse plus rapidement.
Depuis le deuxième trimestre 2025, l’offre au départ de la France n’augmente que de 1,5 %, contre 4,5 % en moyenne dans le reste du continent. Pour Thomas Juin, ce décalage est directement lié aux choix politiques et fiscaux effectués par le gouvernement, qui entraîneraient une perte de compétitivité et, à terme, des conséquences économiques plus larges pour les régions desservies.