Le Brésil, géant des énergies renouvelables

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Longtemps considéré comme un pays en voie de développement, le Brésil est à la pointe en termes d’énergies renouvelables, largement plébiscitées par le pays et attirant de nombreux investisseurs étrangers, français en tête.

L’avenir énergétique de la planète est-il au Brésil ? Une question légitime tant le plus grand pays d’Amérique du Sud n’en finit pas de surprendre, fort de ressources naturelles en abondance, propices à alimenter le pays en énergie. De surcroît un pays en forte croissance économique. Si certaines disparités demeurent (un seuil de pauvreté qui concerne le cinquième de la population, la région du sud-est et celle de la côte atlantique aux densités démographiques les plus fortes), d’autres s’extraient d’elles-mêmes. Le Brésil est ainsi le pays qui a, jusqu’à présent, le mieux réussi son mix énergétique de tout le continent, avec une moyenne de 82,7% en 2012, malgré des besoins exponentiels en électricité (quintuplés en 40 ans). Les énergies fossiles (du pétrole, principalement importé ou difficilement exploitable, du charbon composé de lignite de qualité médiocre) ou nucléaires (seulement deux réacteurs) ne représentent ainsi que 17,3% dans le bilan énergétique du pays. Hydraulique, solaire, éolien ou encore biomasse, des énergies renouvelables en constante augmentation chaque année, n’ont ainsi aucun secret pour les Brésiliens, au point d’attirer de nombreux investisseurs étrangers, dont français.

Brésil : un territoire riche en atouts naturels

L’entreprise publique d’électricité brésilienne Electrobràs estime à 243 GW le potentiel hydroélectrique du Brésil, soit le deuxième plus important au monde, juste derrière la Chine, fort du régime hydrique (principalement en Amazonie) et du relief du pays. La filière hydraulique représente d’ailleurs à elle seule 74,6% de l’électricité du pays. Et si elle nécessite de longues lignes de transport d’électricité et des barrages situés dans des zones protégées ou des réserves indigènes, elle bénéficie d’une croissance de 35 GW prévue jusqu’en 2022, grâce notamment au barrage de Belo Monte, opérationnel depuis 2016 et ses 11,2 GW de puissance. Il fait suite à la centrale hydroélectrique d’Itaipu (14 GW de puissance). Une énergie propre, bon marché et plébiscitée autant par la population que le gouvernement, qui a parfois mis de côté ses autres potentiels énergétiques, oubliant que le pays pouvait manquer d’eau, comme ce fut le cas à l’automne 2017.

Pays fortement ensoleillé, ce n’est que récemment que le Brésil s’est intéressé à son potentiel d’énergie solaire (seulement 1% de son mix énergétique), jusque-là dédiée à la production d’eau chaude. De nouvelles lois au début des années 2010, ont ainsi permis l’accroissement d’installations solaires, notamment photovoltaïques raccordées à un réseau électrique. Un gage d’avenir pour les zones rurales trop reculées et encore peu électrifiées autrement que par des générateurs thermiques. Des projets de construction de centrales solaires sont également en cours, mais ils nécessitent d’importantes aides financières.

Quant à l’éolien, il est lui aussi en plein essor : il ne représentait que 0,6% du mix énergétique en 2012, contre 7% en 2018. Il est ainsi la filière d’énergie la plus dynamique en termes de croissance, progressant chaque année avec une moyenne de 56,7%, avec une puissance cumulée à 11 GW. Ce qui est encore peu, quand on estime que le Brésil peut disposer d’un potentiel éolien de 350 GW, surtout dans les régions du nord-est et du sud du pays.

Mais c’est surtout la biomasse qui est un véritable gage d’avenir pour le pays en matière d’énergies renouvelables. Deuxième producteur mondial de canne à sucre, le Brésil a su très vite développer du biocarburant à partir de cette plante, l’éthanol, qui permet au marché automobile brésilien de lancer des véhicules neufs qui fonctionnent avec ce dernier. Ils représenteront même les trois-quarts de la flotte automobile du pays en 2019. Quant à la bagasse, résidu fibreux de la canne à sucre, elle sert de combustible pour des centrales électriques. Le Brésil possède ainsi plus de 400 usines sucrières fonctionnant en totale autonomie énergétique et 20% d’entre elles commercialisent même leur excédent d’électricité.

Des investissements français au Brésil

De tels atouts ne pouvaient laisser insensibles de grands groupes énergétiques internationaux et notamment français. C’est le cas d’EDF Energies Nouvelles qui est présent au Brésil depuis 2015, avec des projets éoliens et solaires en cours de construction ou en prévision de l’être, portant à 700 MW ses capacités énergétiques. C’est le cas du contrat de fourniture d’électricité à long terme (20 ans) remporté par EDF en avril 2018, dans le cadre d’une enchère fédérale brésilienne, pour un projet éolien estimé à 114 MW dans l’état de Bahia. La construction est prévue en 2019, pour une mise en service en 2021. 17 distributeurs d’électricité brésiliens bénéficieront de nouveaux contrats d’électricité et 290 000 foyers devraient bénéficier de cette énergie verte. Courant 2018, EDF achèvera la construction d’un premier parc éolien, Ventos de Bahia, d’une capacité quant à lui de 117 MW, pour 22 turbines produites directement sur place.

EDF s’intéresse également au solaire, avec la construction en cours du parc photovoltaïque Pirapora (là encore, avec des panneaux produits sur place) sur le site du Minais Gerais qui, à terme, aura la capacité totale de 400 MW d’énergie, pouvant alimenter en électricité jusqu’à 420 000 foyers. Soit « la plus puissante centrale solaire d’Amérique Latine et la plus importante d’EDF » précise Paulo Abranches, PDG d’EDF Energies Nouvelles Brésil. Ce dernier s’est déjà positionné pour de nouvelles enchères fédérales prévues en décembre prochain, pour 280 MW de nouveaux projets. Le géant français a de fortes chances de l’obtenir, lui qui, avec le parc Pirapora, détient déjà 40% du marché.

Mais Engie n’est pas en reste. Le groupe, implanté au Brésil depuis plus de 15 ans, représente 6% des capacités de production d’énergie du Brésil, dont 90% proviennent de sources renouvelables. Il possède ainsi 28 centrales d’une capacité de 10 212 MW, comme le parc éolien de Trairi, la centrale solaire Cidade Azul ou la centrale hydroélectrique de Jirau, qui peut générer suffisamment d’énergie pour alimenter quelques 10 millions de foyers. Le groupe est en pleine construction d’une nouvelle centrale solaire à Assu et s’investit dans le domaine gazier, avec la possibilité d’une construction d’un site de stockage de gaz aux environs de Salvador de Bahia.

Quant à Voltalia, producteur français d’électricité renouvelable, il construira fin 2020 des parcs éoliens, Vila Paraiba, qu’il pourra exploiter pendant 20 ans. En tout, ce sont 1 200 MW de projets que le producteur veut développer au Brésil, dans l’état du Rio Grande do Norte. Signe que le Brésil est décidément plus riche qu’inespéré en termes d’énergies renouvelables…

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