La French Tech vers un financement plus mature?

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Emmanuel Macron a de grands projets pour les start-ups de la French Tech. Des ambitions qui ne pourront se concrétiser qu’avec un important concours des fonds d’investissement, que ce soit en amont ou en aval de la vie de ces jeunes entreprises.

Une écurie à licornes en construction

Le 17 septembre dernier, à l’occasion du France Digitale Day, Emmanuel Macron a affiché les ambitions françaises: avoir 25 licornes en 2025. Les licornes tricolores – des start-ups valorisées à plus d’un milliard d’euros – sont actuellement au nombre de 7. Pour atteindre cet objectif, le « late stage » est la clé du succès: il s’agit du dernier tour de table à 50 voire 100 millions d’euros qui permet aux poulains de se transformer en étalons de rang mondial.

Or, en France, seuls quelques fonds d’investissement (dont Large Ventures de Bpifrance et Eurazeo) sont à l’heure actuelle capables de mettre de telles sommes sur la table. C’est la raison pour laquelle Emmanuel Macron a fait durant l’été la tournée des « zinzins » – les investisseurs institutionnels – tels que les assureurs, les banquiers, les fonds de retraite ou les mutualistes. Et le chef de l’Etat n’est pas arrivé les mains vides: il s’est engagé à faciliter le fléchage des produits d’épargne – assurance-vie en tête – vers l’innovation, avec comme principal outil la loi Pacte et la loi de finances 2020. Des arguments présidentiels qui semblent avoir convaincu les zinzins : ces derniers ont promis 5 milliards d’euros d’investissements dans la French Tech. Une somme importante quand on sait que 2,8 milliards d’euros avaient été levés en 2017 et 3,6 milliards l’an dernier. Ce sont en particulier 2 milliards d’euros qui seront investis dans des fonds de capital-risque spécialisés dans le « late stage ».

Ces bonnes nouvelles devraient amorcer la pompe d’un cercle vertueux pour les start-ups française, en favorisant les « sorties » d’une part – c’est-à-dire le marché des fusions/acquisitions et les cotations en Bourse – mais aussi en incitant à la création de fonds d’investissement richement dotés. Une stratégie approuvée par Matthieu Lattes, general partner du fonds américain White Star Capital, pour qui  « ces 5 milliards vont sans doute générer un effet d’incitation qui sera bénéfique à l’écosystème ».

Les fonds d’investissements, déjà cruciaux en phase de décollage

Un écosystème français dynamique mais qui était jusqu’à présent pénalisé par un manque chronique de financements. Ces investisseurs de fin de parcours viendront épauler les fonds qui sont quant à eux spécialisés dans les premiers pas des start-ups. L’étape fondamentale du « seeding » apporte un engrais plus que bienvenu à des jeunes pousses qui sont encore en phase de test et qui disposent d’un maigre carnet client.

Dans ce domaine, la France peut d’ores et déjà s’enorgueillir d’une « couveuse » très performante: SGH Capital, la holding d’investissement fondée en 2014 par Alexandre Azoulay, aide au décollage de nombreux projets de la tech sur tous les terrains avec un indéniable succès. Son créneau: les « concepts de rupture », tels que les pressings écologiques (Sequoia), la tuile solaire (Superdome) ou le jet privé low cost (Wijet).

SGH Capital a par exemple misé très tôt sur Wynd – une start-up de la Food tech qui offre aux restaurants les moyens de gérer l’ensemble des commandes et de leur logistique à travers une interface digitale – ce qui lui a permis de capitaliser 37 fois sa mise de départ. Les succès du fonds d’Alexandre Azoulay ne se limitent pas à l’Hexagone: outre-Atlantique, Atheer Labs et sa conception 3D par Google Glass ou Bina Technologies et son séquençage du génome ont pu compter sur lui. On peut aussi citer le cas de Zume Pizza, une start-up qui compte sur les robots pour faciliter la confection des pizzas: SGH Capital a investi à une valorisation de 21 millions en 2016; deux ans plus tard, Zume vaudrait près de 2 milliards de dollars.

Le millésimé 2019, déjà riche pour le venture-capital, devrait être suivi d’une année encore plus riche en investissements. La preuve qu’au-delà des sobriquets et des petites moqueries la France semble avoir gagné son titre de start-up nation ?

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