La Chine accélère le développement de l’énergie nucléaire

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Recouverte par un nuage de pollution de plus en plus épais, la Chine est aujourd’hui fermement engagée dans le développement de l’énergie nucléaire afin d’alimenter les besoins énergétiques de sa croissance économique tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Le gouvernement chinois entend porter à 20 % la proportion de la consommation en énergie non-fossile dans la consommation énergétique totale d’ici à 2030, et a dévoilé pour cela fin décembre de nouveaux objectifs en termes de production électronucléaire. 

L’énergie nucléaire en Chine, une ambition à la hauteur des besoins énergétiques

Avec 22 réacteurs opérationnels et 26 autres actuellement en construction dans les provinces de la côte Est, la Chine entend faire de l’énergie nucléaire une composante déterminante de son mix énergétique et devrait continuer à développer sa capacité de production de manière spectaculaire dans les années à venir. Le pays est passé en 2012, du 9ème au 6ème rang mondial des pays producteurs d’énergie nucléaire. En 2014, Pékin devenait même le 6ème acteur en termes de capacité de production et le 1er pour le nombre de réacteurs en construction.

Une tendance forte donc qui devrait se maintenir au regard des ambitions affichées par le gouvernement dans le cadre des politiques climatiques. Selon le plan quinquennal (2016-2020) pour l’industrie de l’énergie, la Chine va en effet investir 500 milliards de yuans (78 milliards de dollars) pour la mise en place de plusieurs centrales en utilisant ses propres technologies nucléaires, et ajouter six à huit réacteurs nucléaires chaque année à partir de 2016. Sa puissance de production passera ainsi de 25 GW aujourd’hui à plus de 88 GW à l’horizon 2020. La China Power Construction Corporation espère posséder dans ce cadre plus de 110 réacteurs nucléaires opérationnels d’ici à 2030, ce qui en fera l’un des plus grands utilisateurs d’énergie nucléaire au monde.

Comme l’a précisé le mercredi 23 décembre dernier Xie Zhenhua, représentant spécial chinois pour le changement climatique, « la Chine accélérera le développement de l’énergie nucléaire afin de porter à 20% la proportion de la consommation en énergie non-fossile dans la consommation énergétique totale, d’ici à 2030 ».

En 2015, 8,2 GW ont été mis en service et 8,8 GW ont reçu le feu vert pour la construction des centrales correspondantes. Les projets en cours d’examen portent sur 32 GW, soit sensiblement plus que la capacité aujourd’hui existante. La plupart des projets sont situés en zone côtière, mais dans l’intérieur du pays, d’autres sont aussi à l’étude, avec un souci prioritaire donné à la sécurité. La Chine sélectionne actuellement des sites dans les régions intérieures pour les centrales nucléaires. « La sécurité devra être le facteur le plus important à prendre en considération pour le développement de l’énergie nucléaire », a ajouté M. Xie, ajoutant que la Chine s’est engagée à garantir la sécurité des équipements, de la gestion et de la location.

Une coopération franco-chinoise renforcée en matière nucléaire

Pour cela, le gouvernement a également réaffirmé son ambition de multiplier les programmes de coopération internationaux dans le sens d’une sécurité optimale de ses installations, et de favoriser ainsi l’exportation de sa technologie à l’échelle internationale.

La France, partenaire historique de la Chine dans le domaine nucléaire, s’est associée très tôt à cette nouvelle dynamique via des accords bilatéraux destinés à partager les retours d’expérience sur l’exploitation et l’ingénierie des parcs nucléaires existants. Pour rappel, la coopération franco-chinoise en matière nucléaire a débuté dans les années 1980 par la formation d’ingénieurs chinois dispensée par l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), et se poursuit depuis les années 2000 dans le cadre de la construction du chantier de l’EPR de Taishan résultant du partenariat entre le français EDF et le groupe chinois China General Power Group (CGN).

Ces deux partenaires ont par ailleurs annoncé un renforcement de leur collaboration en 2015 via la création d’une joint-venture pour le financement des réacteurs EPR d’Hinckley Point au Royaume Uni, et l’exportation de la technologie nucléaire chinoise. Cette nouvelle société prévoit en effet en plus du projet Hinkley Point, le co-développement d’un nouveau projet de centrale nucléaire à Sizewell dans le Suffolk dans lequel EDF prendrait en charge 80% du développement et son partenaire chinois 20 %. En contrepartie, le groupe français aiderait la CGN à obtenir les autorisations nécessaires pour qu’ils bâtissent un réacteur issu de sa propre technologie de type Hualong sur le sol britannique à Bradewell au Nord de Londres. Les participations seraient ici inverser avec 66,5 % pour le CGN et 33,5 pour le groupe français.

De son côté, le groupe Areva pourrait lui aussi renforcer son association avec la compagnie nucléaire nationale chinoise. L’industriel français a signé fin novembre un partenariat stratégique avec l’entreprise chinoise Shanghai Apollo Machinery Co. Ltd, fournisseur chinois d’équipements nucléaires, et poursuit les discussions engagées avec la CNNC autour du projet d’usine de traitement-recyclage des combustibles usés. Areva pourrait également ouvrir son capital à une participation minoritaire de la CNNC, renforçant ainsi ce partenariat stratégique sur l’ensemble de la filière nucléaire.

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