Économie : comment l’Ukraine entend se reconstruire

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Depuis la crise diplomatique avec la Russie, l’Ukraine entame sa lente reconstruction. Cette marche vers la croissance a reçu la bénédiction de la communauté internationale, notamment européenne, et bénéficie du soutien volontaire de ses hommes d’affaires les plus influents.

Fin janvier, deux accords majeurs ont été signés entre l’Ukraine et plusieurs puissances étrangères.

Le 21 janvier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président ukrainien Petro Porochenko ont annoncé la signature d’un accord de libre-échange qui vise à « donner un coup de fouet » aux relations entre les deux pays. M. Porochenko s’est félicité de cette promesse d’éclaircie « après 15 ans de bureaucratie » et a salué « un message important pour les hommes d’affaires des deux pays ».

Deux jours plus tard, à Davos, la Banque européenne pour le développement promettait 150 millions d’euros à Kiev afin de financer la construction d’un parc éolien d’une capacité de 250MW. Ce projet, dont la finalisation est prévue pour 2020, devrait constituer une véritable bouffée d’air frais pour un pays encore largement dépendant de l’apport en gaz russe. Il attire également deux investisseurs de poids : Total Eren et le norvégien NBT, qui devraient travailler conjointement sur ce projet. « Cette signature marque une étape importante pour Total Eren dans l’extension de ses efforts de développement en Europe de l’Est avec un projet de cette envergure, a déclaré David Corchia, CEO de Total Eren à l’occasion. Nous voyons un énorme potentiel de développement pour Total Eren en Ukraine. »

Le lancement de la reconstruction

Signe du vent de reprise qui souffle sur l’Ukraine, le pays a perçu, en 2018, 953.2 millions de dollars d’investissements étrangers. Ces prêts doivent principalement servir à financer une partie du plan d’action gouvernemental à moyen terme, qui vise à consolider la croissance du pays, lutter contre le chômage et maintenir son effort environnemental. Le ministre ukrainien de l’Économie Stepan Kubiv table par ailleurs sur 675 millions d’euros d’investissements supplémentaires sur la période 2018-2022 – dont 272,5 millions en provenance de l’UE – afin de renforcer les secteurs de l’énergie, des transports publics et de l’éducation.

Dans le même temps, les échanges autour de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE ont repris – encouragés par la fin de la loi martiale et une diplomatie économique volontaire. Ce retour en grâce de Kiev trouve en partie son origine dans les efforts déployés par le gouvernement pour rassurer ses partenaires économiques extérieurs. Il est aussi dû à l’action de plusieurs hommes d’affaires qui jouent le rôle de sherpas commerciaux du pays.

Diaspora et hommes d’affaires au chevet de l’Ukraine

Serge Ossipenko, homme d’affaires ukrainien, compte parmi ces personnalités investies dans la reconstruction de leur pays. Cet amateur d’art bien connu des milieux d’affaires franco-ukrainiens fluidifie depuis dix ans les échanges commerciaux entre les entreprises des deux nations.

En 2018, Serge Ossipenko crée l’Alliance for investments solutions, un organisme à but non lucratif qui vise à attirer les investissements directs étrangers. Ce dernier a organisé la venue d’une délégation ukrainienne en France pour rencontrer le MEDEF et échanger sur des opportunités commerciales. En retour, des représentants du Grand Paris se sont rendus à Kiev pour une rencontre d’affaires avec les grands patrons ukrainiens.

Auparavant, il avait déjà accompagné l’implantation du groupe Auchan en Ukraine en 2006. Dix ans plus tard, la joint-venture franco-ukrainienne Faber Holding entre Auchan et la compagnie B.E.G. Ingénierie, en 2016. Cette entreprise orléanaise, spécialisée dans la création-concept et la construction de centres commerciaux au Sénégal, en Côte d’Ivoire, a récemment fait le choix de se tourner vers l’Ukraine pour sa croissance. Elle n’est pas la seule: en cinq ans, Kiev a accueilli un Ikea, un H&M, et la compagnie à bas coût Ryanair envisage déjà d’y développer une de ses bases.

Une ouverture qui bénéficie à la France

Si l’intérêt de la France pour l’Ukraine est facilité par cette attractivité renouvelée, il n’est toutefois pas nouveau. Depuis l’Accord de libre échange signé avec Paris, les deux pays connaissent un rapprochement économique pragmatique. La crise diplomatique avec la Russie a donné un coup d’accélérateur, avec un report des intérêts commerciaux de l’Est vers l’Ouest.

Le résultat ne s’est pas fait attendre : en 2016, les échanges entre les deux pays ont vigoureusement repris en 2016 : +23% des exportations françaises vers l’Ukraine, et +1,5% des importations (essentiellement céréales et engrais). En 2017, le solde commercial était positif de 193 millions d’euros selon le ministre des Affaires étrangères, faisant de la France le 8ème fournisseur mondial et le 3ème fournisseur de l’Ukraine en Europe. Pour Paris, Kiev est le 62ème client le plus important et 58ème fournisseur. Un resserrement des économies qui a culminé en 2018, avec une balance commerciale record. “Les échanges commerciaux entre la France et l’Ukraine se sont élevés à environ 2 milliards de dollars l’année dernière. Je suis certain que ceux-ci peuvent atteindre trois milliards de dollars cette année” a tweeté Volodymyr Hroïsman, le Premier ministre ukrainien, à la suite d’une rencontre bilatérale avec le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.

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