La France va réduire ses émissions de carbone, l’influence énergétique de la Russie avec 14 réacteurs nucléaires

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La France prévoit de construire jusqu’à 14 réacteurs nucléaires pour tenter de consolider le parc nucléaire vieillissant du pays tout en réduisant les émissions de carbone du pays. Et alors que les premiers réacteurs n’ouvriront pas avant des années, l’annonce pourrait servir à saper les tentatives de la Russie de maintenir l’Europe dépendante du gaz naturel.

Le président Emmanuel Macron a annoncé cette décision la semaine dernière, en précisant que l’entreprise publique Électricité de France, également connue sous le nom d’EDF, construira six nouvelles centrales à partir de 2028, avec la possibilité d’en construire huit autres d’ici 2050. EDF estime que les six réacteurs à eau pressurisée de nouvelle génération coûteront environ 50 milliards d’euros. Le premier pourrait être mis en service dès 2035.

Il s’agit d’un revirement important par rapport à la promesse faite par le président Macron de fermer plusieurs réacteurs au cours de la prochaine décennie. La politique nationale joue presque certainement un rôle – le secteur de l’énergie nucléaire en France emploie environ 220 000 personnes, selon une estimation. « Ce dont notre pays a besoin, c’est de la renaissance de l’industrie nucléaire française », a déclaré Macron dans une usine de turbines nucléaires qu’EDF venait d’acheter à GE. « Le temps est venu pour une renaissance du nucléaire », a-t-il déclaré.

M. Macron a également déclaré qu’EDF construirait un prototype de petit réacteur modulaire, ou SMR, d’ici 2030. Les SMR sont des réacteurs à fission conçus pour être construits en usine et transportés vers leur destination finale. Ils produisent généralement moins de 1 MW de puissance et sont censés être plus économiques que les réacteurs traditionnels, qui sont construits sur place. EDF devra faire face à une concurrence féroce de la part de nombreuses entreprises, qu’il s’agisse de poids lourds comme Westinghouse, de start-ups comme NuScale ou d’entreprises chinoises comme China Huaneng Group, qui cherchent à commercialiser des SMR.

Une puissance nucléaire

La France possède l’un des plus grands parcs nucléaires du monde – avec 56 réacteurs, elle est devancée par les États-Unis. L’année dernière, l’énergie nucléaire a produit les deux tiers de l’électricité du pays, ce qui offre un contraste frappant avec l’Allemagne voisine, qui est en passe de fermer sa dernière centrale nucléaire d’ici la fin de l’année.

La France a commencé à construire des centrales nucléaires dans les années 1970, en réponse à la crise pétrolière, et a lancé la construction de neuf réacteurs dans la seule année 1975. Cette politique gouvernementale a non seulement contribué à remodeler le secteur énergétique français, mais elle a également transformé l’économie française en facilitant le développement du TGV, le train à grande vitesse entièrement électrique qui est devenu un symbole de l’ingénierie française.

La frénésie de construction des années 1970 signifie que de nombreux réacteurs français arrivent à la fin de leur durée de vie prévue. Les nouveaux réacteurs contribueraient à maintenir la production d’énergie nucléaire du pays, mais comme ils ne seront pas mis en service avant plus d’une décennie, il pourrait y avoir un écart important si trop de centrales sont retirées. Des problèmes de maintenance ont mis hors service jusqu’à 30 % du parc français cet hiver, EDF luttant contre les fissures et la corrosion des tuyaux de certaines de ses centrales. Cela a obligé la France à augmenter sa dépendance au charbon, à la fois dans les centrales électriques du pays et dans les importations d’électricité allemande.

Pour éviter les mises à la retraite, M. Macron a déclaré qu’il chercherait à prolonger la durée de vie de certains réacteurs nucléaires, qui est actuellement de 40 ans, pour la porter à plus de 50 ans si cela peut se faire en toute sécurité.

Considérations géopolitiques

Les nouveaux plans de la France ont été annoncés moins de deux semaines après que l’UE a annoncé que l’énergie nucléaire serait considérée comme « durable », une décision qui a fait l’objet d’un intense lobbying de la part du gouvernement français.

Cette décision intervient également dans un contexte de tensions accrues avec la Russie et son président, Vladimir Poutine. La Russie a inondé l’UE de gaz naturel bon marché, laissant le bloc dépendant du pays pour une grande partie de son énergie. En 2020, l’UE a reçu plus de 40 % de son gaz naturel de la Russie. Le gazoduc Nord Stream 2, qui pourrait doubler les exportations russes vers la région, semble susceptible d’accroître la dépendance du bloc. L’annonce de Macron, bien qu’elle puisse être une coïncidence, pourrait signaler que la France est intéressée à prendre la relève en tant que centre de pouvoir de l’Europe.

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