L’avenir d’Air France s’éclaircit, la prudence reste de mise

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Air France va mieux. Lors du comité central d’entreprise (CCE) du vendredi 15 janvier, la direction de la compagnie aérienne a présenté aux organisations syndicales un « projet de croissance ambitieux » aux antipodes du tristement célèbre « plan B » présenté lors du CCE du 5 octobre. Celui-ci prévoyait en effet une réduction de la flotte de la compagnie, des fermetures de lignes, une diminution des fréquences et près de 3 000 suppressions de postes. Chacun se souviendra de l’effet provoqué par ces annonces lors du CCE d’octobre. 

Pourtant, la stratégie semble avoir payé et l’optimisme est désormais de mise. Le nouveau plan stratégique prévoit 10 % de croissance entre 2017 et 2020 et Gilles Gateau, nouveau directeur des ressources humaines, a garanti l’absence de départs contraints pour le personnel au sol d’ici au 30 juin 2018. Pas de licenciements secs donc, même si un plan de départs volontaires sera tout de même présenté pour la période courant jusqu’à avril 2017. A ce sujet, M. Gateau a indiqué qu’il souhaitait démarrer cet été des négociations avec les hôtesses et stewards, dont l’accord collectif prend fin en octobre.

Et les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là. Au lieu d’être réduite, la flotte long-courrier de la compagnie devra passer de 104 avions en 2017 à 109 avions en 2020, tandis que la flotte de la filiale à bas coûts Transavia France comptera 40 avions en 2020 contre 26 cette année. Les syndicats ont par ailleurs affirmé qu’Air France entend verser des primes d’intéressement et de participation dès cette année au titre de 2015 et que des négociations avec les pilotes seront très prochainement engagées, avec des embauches possibles l’an prochain. Les discussions porteront sur l’avancement des carrières, le développement de Transavia et la réduction des coûts à l’heure de vol.

Mais que s’est-il donc passé ces derniers mois pour qu’un tel retournement de situation ait été possible ? Il est vrai que les résultats se sont nettement améliorés vers la fin de l’année, notamment grâce à la baisse de la facture pétrolière. Le groupe Air France-KLM devrait ainsi repasser dans le vert en 2015 en dégageant des bénéfices pour la première fois depuis 2008. Le résultat d’exploitation devrait dépasser largement l’estimation de 250 millions d’euros et s’établir entre 350 et 400 millions. Pour Frédéric Gagey, PDG d’Air France, le plan de restructuration Transform 2015, conçu par le PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac, « a permis de contribuer enfin au retour à une marge opérationnelle positive. C’est un vrai sujet de fierté ».

Mais, tout comme l’optimisme, la prudence reste de mise au sein de la compagnie aérienne. Certes, « le contexte favorable du moment nous permet d’envisager un projet de croissance plus ambitieux pour 2017 », affirme M. Gagey tout en ajoutant que celui-ci doit être « accompagné d’un effort partagé de réduction de nos coûts plus progressif ». Toutes les mesures de croissance sont en effet conditionnées à la signature d’accords d’augmentation de la productivité pour toutes les catégories de personnels. Si le contexte permet plus de souplesse, les personnels devront quand même s’engager sur des objectifs précis. L’exigence de compétitivité que la compagnie attendait des pilotes pourrait par exemple passer de 17 % à 12 % ou 13 %, le chiffre de réduction des coûts devant être fixé « par la négociation et le compromis », selon la formule de Gilles Gateau. Mais « l’horloge tourne », ajoute-t-il. « Pour implémenter le plan de croissance en 2017, nous devrons parvenir à un accord courant 2016. Si nous voulons exploiter des Boeing 787 à partir de 2017, nous devrons parvenir à un accord courant 2016 », prévient le nouveau directeur des ressources humaines.

Il ne faudrait pas oublier que si la baisse du prix du baril de pétrole se poursuit en 2016, comme le prévoient les experts, elle ne profitera pas uniquement à Air France mais aussi à ses concurrents, et notamment aux compagnies low-cost, plus rentables. Réduire les coûts et gagner en productivité reste un objectif majeur pour la compagnie française, mais on est en droit d’espérer que le contexte favorable et le changement de ton contribueront à l’amélioration du dialogue social et à l’apaisement indispensable pour qu’Air France puisse repartir du bon pied.

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